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Texte de Frédéric Lesgrands Terriens

Je suis blanc. Blanc, c'est comme cela que l'on catalogue objectivement la couleur de ma peau. Cependant, je deviens rouge quand je vais au soleil. Parfois même, je deviens marron.


Je ne crois pas avoir été enragé dans ma vie, je ne me rappelle donc pas si un jour j'en ai été vert...( de rage ! )


Ainsi, les yeux des autres me voient blanc, mais ils n'ont aucune idée en réalité de savoir à quel point, quand il s'agit de ma couleur de peau, je m'en fous...


Comme je me fous de ma couleur de peau, je me fous de la couleur de la peau des autres. Ce n'est pas que je les dénigre, c'est juste que, pour moi, chacun a la peau qu'il a et que mes yeux, s'ils peuvent le remarquer, n'iront pas jusqu'à me faire haïr mon prochain pour ça...


Moi, ce qui m'importe dans mon prochain, c'est qu'il soit heureux, en bonne santé, mon égal et que je sois son égal, qu'il m'apprenne des choses, que je lui apprenne des choses, que nous nous parlions, que nous nous respections, que nous nous aimions aussi pourquoi pas ? Et si je devais absolument tenir compte de sa peau, pour autant que ce soit une dame, tout ce qui m'importerait, c'est qu'elle soit suffisamment douce et délicate pour que je puisse lui apporter toutes les caresses qu'elle mériterait...


Moi, ce qui m'importe chez l'autre, ce n'est pas la couleur de sa peau. Ce qui m'importe chez l'autre, c'est qu'il ait droit aux bonheurs de la vie comme moi j'y ai droit. Moi ce qui m'importe chez l'autre, c'est que je sois digne de sa confiance tout comme il doit être digne de la mienne...


Moi, ce qui m'importe chez l'autre, c'est qu'il respire... Qu'il respire comme moi je respire...


Qu'il respire sans avoir un genou collé sur son cou ! Qu'il respire surtout quand il fait remarquer qu'il ne peut plus respirer ! Qu'il respire comme l'individu qu'il est et que je suis !


Je suis écrivain et je n'ai pas eu sur mon cou ce genou qu'a eu Georges Floyd sur le sien. Je suis écrivain et je n'ai pas eu à indiquer, en gémissant, que je ne pouvais pas respirer, et pourtant j'étouffe, j'étouffe de colère, d'impuissance, de frustration, de tristesse !

Je ne peux plus respirer quand mon prochain a un genou posé sur son cou ! Je ne peux plus respirer quand j'apprends que seuls ceux qui auraient une peau différente d'une autre devraient se faire étouffer par d'autres qui n'auraient pas la même peau qu'eux !


Je ne peux pas respirer parce que je sais que Georges Floyd est mort étouffé par des personnes qui l'ont considéré comme inférieur à eux !


Je ne peux plus respirer de voir que de telles horreurs se passent encore dans notre monde qui en compte déjà tant !


J'étouffe ! J'étouffe ! JE NE PEUX PLUS RESPIRER !!!


Je ne peux rien changer à votre mort, mais je peux, par ma modeste plume, me souvenir de vous et des conditions qui vous ont emporté... Je n'en oublierai aucune seconde. Aucune seconde. Mon souffle, ma respiration, pour les jours qui me restent à vivre, vous sont acquis. Je m'élèverai toujours contre les traitements inhumains dont vous et d'autres avez été victimes.


Reposez en paix Monsieur Georges Floyd...Cette paix que visiblement d'autres ici-bas ne veulent pas, mais que nous devrons finir par trouver un jour, malgré notre colère de vous avoir perdu en ces circonstances cruelles, pour ne pas devenir cruels nous-mêmes, même si la tentation en est très grande quand il s'agit d'imaginer que notre cruauté pourrait rétablir une justice qui nous semble disparaître quand elle est toujours à géométrie variable. Je suis blanc, c'est vrai, mais qu'est-ce que ma blancheur face à toute la tristesse que je ressens quand je pense à vous en cet instant ?


Celui qui vous a écrasé de son genou et ceux qui ont assisté sans ne rien faire, auront désormais des poids bien plus intenses et bien plus lourds à porter dans leur vie de tous les jours : le poids des regards, le poids de la honte, le poids de la culpabilité et surtout, on l'espère tous, le poids de la Justice qui, très lentement, les feront longtemps agoniser...


Puisse faire que les anges vous accueillent et vous accompagnent à la place que vous méritez...


Puisse faire que l'air de ce paradis, où vous y avez une grande place, soit le plus pur qu'il vous ait jamais été donné de respirer...


Frédéric Lesgrands Terriens



#georgesfloyd #faisonsdenosdifferencesuneforce NB : Je me devais de transmettre ce texte car cette histoire est un drame, un racisme qui ne devrait pas exister. Nous sommes tous différents et tous semblables. Chacun de nous est unique. Il faut apprendre à faire de nos différences une force !

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